Aux petits soins des éléphants
Tôt le matin, nous partons voir la douche des éléphants.
Le long de la route principale (qui ne laisse passer qu'une voiture) longeant la rivère, les éléphants de travail agricole pâturent et attendent la venue de leur maître pour le bain. Ils ont un pied ou deux grossièrement attachés par une chaine lâche. Une petite clochette est pendu à leur cou. C'est d'ailleurs le son de celle-ci qui nous interpelle d'un seul coup. Un éléphant arrive, tenant sa "laisse" dans sa trompe, avec son maître à ses côtés, et ils se dirigent vers la rivière.
Seulement à la voix, l'agriculteur commande à l'éléphant de s'allonger dans l'eau, de ne plus bouger le temps qu'il le brosse, de se tourner de l'autre côté, etc. Aucune brusquerie, aucun cri, tout est fait dans la douceur et le calme, à la fraicheur du matin.
A la sortie de la douche, l'éleveur repart aux côtés de son animal, ou sur son dos.
Puis vient l'heure du repas !
Un bâtiment a été aménagé pour la préparation de la ration, adapté à la visite des touristes curieux de voir le procédé, dont ce jour-là, 3 français !
Il n'y a pas barrière, juste une morceau de rambarde devant la "cuisine". Les éléphants peuvent quitter la rambarde, mais ils savent que c'est leur place de repas ("c'est là leur place, quand Toby est pas là").
Les éléphants attendent patiemment, pas attachés, la chaîne trainant. Les plus jeunes d'ailleurs passent leur temps en faisant des bêtises, faire tomber la rambarde, tendre la trompe sur le mur de la cuisine près de la nourriture, embêter le voisin, grignotter de l'herbe, etc.
En voilà un qui a encore besoin qu'on le traine par le bout de la trompe !
Et voilà le petit dèj' est prêt ! Un moule carré permet à éleveur de donner une ration équilibrée à son éléphant, en fonction de ses besoins : s'il travaille, s'il est vieux, jeune, etc. Le carré est une unité de mesure.
Au menu, du riz (eh oui, même les éléphants mangent du riz en Inde !), de millet, de la canne à sucre, des compléments alimentaires, des sels, de la coco, des fourrages (horse gram), etc.
Voilà la cuisine, mais à droite je vous rassure, ce n'est pas le cuisinier. Ce doit être le doyen des pachydermes présents.
Et hop, une grosse boulette dans la bouche (avec les compléments alimentaires cachés dans la boulette comme pour les enfants).
Et ils peuvent enfin partir pour le travail. L'éléphant lève sa grosse patte pour faire la courte échelle à son maître. Pas de pique, pas de brutalité, le maître conduit l'éléphant avec ses pieds, sa voix et utilise une branche fine quand il est au sol.
La scène est magnifique : la colline dénivelée, verte ; le vent bruisse et agite doucement les herbes ; seule une cochette sonne dans le paysage ; l'éléphant et son maître partent aux rythmes lourds et lents de l'animal, les deux partenaires de travail étant très calmes dans chacun de leur mouvement.